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Il y a plusieurs heures que je t’ai écrit cette longue lettre, ou plutôt que je me suis laissée penser et souffrir devant toi pour la dernière fois. Depuis, des idées me sont venues. Et voici ce que j’ai fait.

J’ai ramassée tous mes papiers, des notes, des lettres, des brouillons, et je suis allée, d’un trait, sans réfléchir, — je ne pense plus désormais, j’obéis à des impulsions, — porter tout cela à quelqu’un dont nous avons parlé souvent ensemble, à une femme qui écrit avec un grand courage et une entière sincérité.

Je lui ai demandé un suprême service, je crois qu’elle me l’accordera. Va lui parler de moi.

Le travail que je l’ai priée de faire sera une bonne œuvre. Puisse-t-elle détourner du fatal chemin que j’ai suivi, toutes les femmes honnêtes, pauvres ou isolées, qui seraient tentées d’écrire.

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— Cinq heures.

Le soir approche, rien n’est décidé encore. J’ai longtemps pleuré.

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— Sept heures : Voilà toujours une chose que je ne ferai pas. C’est fini : j’ai écrit à Baringer. Il avait été convenable. Je m’excuse de manquer à ma parole. De quoi se plaindrait-il, d’ailleurs ? Il m’a offert son bras, je lui ai sacrifié ma réputation. Pour le « Tout-Paris » d’hier soir, je suis sa maîtresse. Cela m’est égal, puisque je ne la suis pas !

Et, c’est bizarre, j’éprouve une sorte de plaisir cérébral à savourer cette honte bue que je ne méritais pas, que je ne mériterai jamais.

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Mais je me sens très faible, comme si j’étais malade.