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Grave, la toute petite lui tâte le ventre : les autres, anxieuses, regardent. Une, sournoisement, tire sa jupe et rougit. Une autre, effrontée, fait bouffer la sienne, devant.

Sylvère secoue son beau front rêveur et se détourne :

— C’est bien simple ; je vais aller demander cela à sœur Honorine.

Mais on la retient avec de petits cris effarés :

— Malheureuse ! Tu veux nous faire punir ?

— Pourquoi ? C’est donc mal ce que nous disons ?

— Certainement, c’est mal !…

— Eh bien, pourquoi nous occupons-nous de ces choses ? Je vous défends de m’en reparler.

Elle s’éloigne ; derrière elle les propos continuent.

. . . . . . . . . . . . . . .

— Mademoiselle Sylvère du Parclet ?

— C’est moi, monsieur le professeur.

— Levez-vous, mon enfant. Cette narration : « le Lion de Florence », vous l’avez faite toute seule ?

— Oui, monsieur.

— Bien sûr ?

La sœur gardienne du cours :

— Mademoiselle du Parclet ne ment jamais, monsieur le professeur.

— Mille pardons. Eh bien, mademoiselle, permettez-moi de vous faire mes compliments ; c’est parfait, et même très curieux. Quel âge avez-vous ?

— Douze ans et demi, murmure Sylvère.

— Vous lisez beaucoup ?

Sylvère le regarde sans comprendre.

La sœur répond :

— J’en doute, monsieur, Sylvère ne sait jamais ses leçons et passe toute ses récréations à jouer.