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— Sylvère !… murmura Mme de Bléry, c’est insensé, ce que tu fais là ! Tu vois bien que tu souffres !

— Mais présentez-nous donc, marquise !

Celle-ci, qu’un groupe de femmes entraînait vers Mme du Parclet, ne se défendant plus, nomma :

— Madame Auber de Vernon.

Sylvère s’était levée, lentement, le regard froid.

— Madame Lagé.

Sylvère sourit.

— Madame Olga Pariani.

La princesse, très enthousiaste, tendait les deux mains, en décochant à Mme du Parclet un compliment bref, emporté, d’une forme virile.

Alors, chaque femme que l’on présenta jeta ses mains vers Sylvère, dont le bizarre sourire accueillait au passage celles qu’elle reconnaissait pour les avoir coudoyées chez Mme Turmal, et pour avoir douloureusement subi leur indifférence glaciale, leur dédain qui l’écartait.

Mme Auber, demeurée près d’elle, rayonnait, s’intéressait à ces hommages, enchantée d’assister au lever d’une étoile et comme si elle l’eût aidée à sortir des ténèbres, bien décidée d’ailleurs à s’emparer maintenant de cette célébrité. Et, pour commencer, elle l’attaqua brillamment, dans la forme habituelle de ses interviews.

Feignant de se pâmer aux beautés des créations littéraires de Mme du Parclet, Mme Auber voulait connaître la genèse de ses œuvres, comment cette vocation lui était venue, ses habitudes de travail, ses manies d’artiste… Tout, sur ce point, lui devenait passionnant.

Et Sylvère, impertinente à souhait, répondait distraitement, moqueuse et coquette, raillant son bas-bleu.