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Celui-là c’était Guy d’Harssay qui baisait le poignet de Sylvère. Et son regard riant achevait sa pensée. Sylvére y répondit d’un mot :

— Vous aviez raison, mon maître !

— Non, j’avais tort. Je n’avais pas prévu Baringer.

Mais Turmal se penchait :

— Il y a bien longtemps que nous n’avons rien lu de vous, chère madame ! Nos lecteurs réclament.

— Déjà ? répondit Sylvère.

— Mon cher Turmal, dit quelqu’un, vous venez trop tard : Mme du Parclet s’est engagée avec moi. N’est-ce pas, ma chère collaboratrice ?

Sylvère réprima un frisson de dégoût et cacha dans un éclat de rire la folle haine qui avait failli la trahir, à l’aspect de Labut, au contact de cette main hardie qui s’était emparée de la sienne et la palpait d’un mouvement cynique.

— Vous aussi ! fit-elle.

— Moi, d’abord !

Il s’était incliné.

— Mauvaise ! me faire ainsi attendre. C’est comme si vous m’aviez trompé. Mais je veux ma revanche. A quand ?

Elle répliqua, avec une raillerie aiguë :

— Ne parlez pas si haut, où l’on va savoir que vous m’avez compromise sans en avoir le droit.


— Je ne demande qu’à l’acquérir, riposta de Labut. Dois-je annoncer votre prochain roman ?

— Aux mêmes conditions ? dit-elle encore, si écœurée que ses lèvres tremblaient.

— Les mêmes… entre nous. Mais, avec mon caissier, celles Que vous fixerez vous-même.

— Je consulterai le colonel, répondit-elle avec un mouvement de tête d’une audace superbe.

De Labut, ricanant, s’inclina.