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— Très chic, la petite, bien joué. La voilà lancée !

Et bientôt, par tout l’hôtel, on entendit répéter ce nom :

— Sylvère du Parclet !

Ceux qui ne l’avaient jamais vue faillirent acclamer sa beauté triomphante ; les autres s’étonnaient. Quoi c’était elle, la sauvage, la timide, la farouche honnête femme qui promenait, avec cette impudeur hautaine, l’éclatante révélation de sa liaison avec Baringer !

Mais combien méconnaissable, avec ce fard brutal, d’un éclat voulu, cherché, et le dédain de son regard fixé devant elle ! Moins jolie, elle eût effrayé, ainsi qu’une morte que l’on aurait peinte, tant il y avait de rigidité spectrale dans ce corps qu’une pensée unique galvanisait.

On faisait la haie devant elle, et Sylvère passait.

Lorsqu’elle eut salué la marquise abasourdie, qui néanmoins la complimenta, feignant de glorifier uniquement en elle son talent d’écrivain, Mme du Parclet, dont l’ironique sourire avait seul répondu, continua sa marche lente autour des salons, presque à chaque pas arrêtée par les courbettes obséquieuses qui s’adressaient autant à elle qu’à Baringer triomphant.

Puis, lorsqu’on l’eut bien vue partout, dans sa pose légèrement familière avec le colonel qui lui étreignait amoureusement le bras, Sylvère se fit ramener dans le hall, ou Baringer l’installa. Et les présentations commencèrent. Tous les hommes qui avaient une notoriété défilèrent devant Mme du Parclet en se faisant nommer.

Puis les femmes s’entraînèrent. Les plus rétives d’abord, cédèrent, heureuses de trouver dans le talent de Sylvère un motif pour la complimenter ouvertement, dans le sous-entendu de leur flatterie intéres-