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pitant, mais de la plus douloureuse angoisse ; c’était Mme de Bléry.

Elle non plus ne quittait pas des yeux cette porte.

Le baron Brelley, qu’elle avait envoyé aux recherches, n’avait rencontré nulle part Mme du Parclet. Et Louise délibérait si elle n’allait pas se poster dans l’antichambre pour arrêter Sylvère, l’effrayer à l’aide des commentaires qui couraient, l’empêcher de consommer publiquement sa perte, si c’était elle que le colonel attendait.

Et puis cela lui paraissait si absolument fou, injurieux pour Sylvère, qu’elle n’y voulait pas croire. Cependant, elle ne parvenait pas à vaincre le pressentiment qui la torturait

Justement, autour d’elle, Mme de Bléry reconnaissait, parmi quelques amis de Sylvère, les malveillants et les dédaigneuses dont elle avait eu à souffrir… Quelle justification de leurs injustes méfiances, si Mme du Parclet venait à paraître dans cette apothéose effrontée de sa chute ! Une partie des habitués du salon du Vieux-Monde trônait là, aux premiers rangs, comme il convient. Et d’abord, Mme Auber de Vernon, verveuse et bruyante en son rire, curieusement épanouie dans son attente de la maîtresse du colonel ; et la très spirituelle et un peu virile Arsène Barin, s’amusant comme à un spectacle ; et Mme Lagé, remuante, éveillée, inquiète de connaître cette nouvelle puissance ; et Turmal lui-même, avec son allure timide, et qui, mal à l’aise dans cette cohue, paraissait toujours prêt à se dérober ; mais Roger Dablis le retenait.

Et puis, Guy d’Harssay, que cette intrigue divertissait comme une aventure de bal masqué et qui s’attardait, derrière les éventails, à murmurer des phrases fringantes sur l’éternelle bataille d’amour. Pas très loin