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et qui d’ailleurs a beaucoup réfléchi sur la salutation angélique, reprend :

— … Et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni.

Puis elle touche ses chastes flancs, et riposte très grave :

— C’est là !

Toutes le savaient et de petits rires nerveux éclatent. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Mais, encore une fois, comment se font les enfants ?

— Ils poussent comme des fleurs sur une tige, répond encore Sylvère.

— Alors, dit une maligne, pourquoi n’en pousse-t-il pas sur les filles non mariées ?

— Cela arrive, réplique une autre. La femme de chambre de maman vient d’avoir un petit garçon, ainsi !… Même que papa dit que c’est notre cocher qui en est le père.

Sylvère réfléchit.

— Moi, je le sais, commence une toute petite.

On l’entoure, et on l’écoute avidement.

— Voilà. Il paraît que c’est en s’embrassant.

— Es-tu sotte, ma pauvre Loulou, fait, du haut de sa raison, Sylvère ; on ne t’a donc jamais embrassée, toi ? Voyons, essaie de réfléchir.

— Si, reprend l’enfant dépitée, mais c’est parce que je suis trop petite ; il faut avoir fait sa première communion.

— Qui te l’a dit ?

— Mon frère Paul.

— Avec cela que Paul se gêne pour m’embrasser, moi qui ai fait ma première communion, riposte la plus grande. Est-ce que j’ai un enfant ?

— On ne sait pas ?

— Comment, on ne sait pas, grande niaise ?… Je le sais peut-être bien, moi ?