Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/319

Cette page n’a pas encore été corrigée

on chercher, en ce monde ? le mérite ou le bonheur ? Si c’est le bonheur, tu as gagné…

— Le bonheur est le but et la fin de l’être, proclama Louise.

— Le mérite est le but et la fin de l’âme, répliqua Sylvère. Qui sait si nous n’avons pas l’une et l’autre atteint le but que nous nous étions proposé ? Ah ! si je n’étais pas lasse de tant souffrir ! Mais voilà : je suis lasse ! Oh ! lasse !…

. . . . . . . . . . . . . . .

En se séparant de Mme de Bléry, Sylvère l’embrassa longuement, tendrement, émue comme si elle ne devait plus la revoir. Cependant lorsque Louise lui dit :

— A bientôt !

Sylvére répondit :

— Oui, chez la marquise.




Les journaux du soir avaient annoncé l’arrivée à Paris du colonel Baringer. Sur les boulevards, les camelots criaient la nouvelle, et une effervescence montait.

D’ailleurs, les élections étaient proches ; un accès de fièvre politique secouait la ville nerveuse, qui s’affolait.

Sûrs de la victoire, les partisans du colonel ne dissimulaient plus leur joie ; et déjà ils acclamaient non seulement le sénateur du jour, mais le ministre du lendemain.

Cependant le colonel se dérobait encore à l’ovation publique ; même, ce soir-là, il avait changé d’hôtel, mystérieusement.

— Histoire de femme, murmurait-on dans son entourage immédiat.