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le meilleur parti à prendre pour une femme, quand elle se trouvait dans la nécessité de gagner sa vie…

— Tu ne penses pas un mot de ce que tu dis.

— Voire ! comme dit le maître.

— Oh ! tu ne me fais pas peur, avec ton méchant sourire. Va, mets-toi en rage tout ton saoul, tu resteras la sage et pure Sylvère que tu as toujours été ; parce que, vois-tu, tu l’as dans le sang, cette maladie-là ! On naît courtisane ; et tu es venue au monde dans la peau d’une honnête femme. Tant pis pour toi. Mais tout cela n’est pas répondre. Que vas-tu faire ?

— Me distraire.

— Fort bien. Mais encore ?

— Tu y tiens ? Alors, donne-moi un conseil. Comment s’habille-t-on chez la marquise de B… ?

— Tu y vas ?

— J’irai.

— Avec qui ?

— Tu le verras.

— Je ne vous savais pas en relations.

— Ni moi non plus ; mais tout arrive.

— Sylvère !

— Ensuite, quand tu me regarderais. Puisque tu es bien tranquille…

— Certes, mais…

— Eh bien, alors !… Me faut-il une robe très élégante ?

— Où la prendras-tu ?

— J’ai des économies ; ou plutôt, je n’en veux plus faire. Tu dis : en grand costume ? Le blanc me sied, n’est-ce pas ?…

— Je te jure, Sylvère, que tu me fais de la peine.

— Bon. Préfères-tu que je me jette à l’eau ?