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bras un amant, ce n’était pas pour renoncer à cette détermination suprême maintenant qu’un obstacle paraissait vouloir l’entraver. Trop tard !… oui, trop tard pour continuer sa vie de souffrance et de solitude. Trop tard ! elle avait promis à son corps et à son cœur leur pâture : ils l’auraient.

La nuit terrible qui venait de s’écouler avait été pour elle comme la veillée des armes : elle se relevait ceinte pour le combat de la vie et résolue à vaincre, superbement…

Aussi, comme elle ne voulait pas pleurer, elle se grisait de colère, de révoltes, de menaces, et, à la fois, de l’éperdu désir de refermer ses bras, tragiquement ouverts, sur la possession, enfin complète, d’un bonheur absolu.




Une heure plus tard, Sylvère arrivait chez Mme de Bléry. En entrant, elle l’aperçut debout, adossée à un meuble, très pâle et presque défaillante.

— Ma pauvre Sylvère ! murmura Louise.

Les yeux pleins de larmes, elle lui tendait les bras.

Mais Sylvère s’approcha lentement, raidie dans sa volonté, presque grandie, méconnaissable. Lorsqu’elle fut tout près, sans répondre au geste de Louise, elle dit brièvement :

— Qu’y a-t-il ?

Mme de Bléry la regarda, effarée.

— Allons, reprit Sylvère, dis-moi tout ; je suis venue pour savoir. Ton frère doit te confier ses charmants petits secrets ?

— Sylvère !…

— Eh bien ?… parle ! Il a quelque caprice, en ce moment ; une toquade, comme vous dites. J’ai besoin