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elle s’était parée, l’idée ne lui vint pas de se dévêtir, d’aller chercher dans son lit solitaire le sommeil et l’oubli.

Elle garda l’attitude de l’attente, cette attente qui durait depuis toute sa vie, d’un bonheur qui sans doute ne viendrait jamais. Mais brisée, vaincue dans toutes ses forces, elle s’assit près de la table, sous la lampe morte, dans la vague clarté du jour près d’éclore.

Longtemps ses yeux restèrent ouverts, intérieurement arrêtés sur le point sombre qui, seul, marquait le but de ses cruelles destinées. Puis, lentement, ils se fermèrent, sous la caresse de l’aube, ayant aux bords, comme les fleurs, leurs gouttes de rosée.

Sylvère dormait.

Alors les hirondelles dont le nid pendait à sa fenêtre s’éveillèrent et s’entre-baisèrent avec un doux bruit d’ailes. Des plumes pleuvaient, comme des voiles arrachées, sous les petits cris passionnés des amoureuses.

Au murmure de leurs chansons, Sylvère rêvait.

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Sa tête avait glissé : Sylvère collait sa bouche à son bras nu, et elle riait. Une moiteur veloutait ses tempes. Doucement, sa gorge haletait. L’allongement de son corps, entre les bras du fauteuil, gardait une grâce de membres étreints et charmés. Hors de sa pantoufle, son pied, sous les claires mailles du filet de soie blanche, dressait et retroussait ses doigts écartés aux pointes luisantes, le pouce renversé dans un écartement rigide, tel un lis menu. Et cette fleur palpitait.