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tuée, n’y songeant pas, elle attache, boutonne, agrafe, épingle partout, du haut en bas, la robe qui, cependant, sera défaite, puisque Sylvère se donne.

Mais elle ne sait pas bien comment cela arrivera. Lorsqu’elle s’est mariée, c’est grand’mère qui l’a accommodée en tremblant. Ensuite, elle se déshabillait seule, comme il est d’usage chez les honnêtes femmes de province.

Elle sait bien qu’à Paris, les maris, quelquefois !… mais on dit tant de choses ! Et quand on ne sait pas ?… Cela doit être terrible des mains d’hommes qui courent, arrachent, déchirent…

Sylvère frissonne en regardant sa robe, dans la glace et en imaginant le dépouillement brutal…

Elle veut se faire à cette idée ; mais son cœur bat et elle se défend, déjà, les bras repliés sur sa poitrine. Non, elle ne pourra jamais !…

Cependant, puisqu’elle est décidée, puisqu’elle veut…

Et ce doute lui revient : elle ne saura pas se donner.

Elle pense que les jeunes filles sont très favorisées qui vont à l’hymen sans en connaître les lois. Mais comment se résoudre, alors que l’on sait ? Ses naïfs étonnements la reprennent à propos de tant de femmes qui s’abandonnent !… Et elle retrouve cette impression des premières années de son mariage, alors que lui furent révélés les crimes passionnels, les adultères, les entraînements coupables des sexes, succombant au désir d’amour.

C’est au mari, éducateur brutal, qu’elle répondait :

Est-il possible ? Ne me trompez-vous point ? Eh ! quoi, ces femmes, qui n’y sont point obligées par le devoir conjugal, se livrent, pour leur seul plaisir ? Mais quel plaisir, seigneur ?… Où y a-t-il un plaisir dans cela ?