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quoi de coquet, de soigné, dans toute sa personne ; ce quelque chose d’inexprimable de homme qui veut plaire, qui s’exhale de lui comme un parfum discret.

Elle le regarda, d’abord souriante, un sourire friand, qui se complaît ; ses yeux s’arrêtèrent sur la moustache blonde, finement troussée, éparpillée comme d’un souffle au-dessus des coins aigus, rosés, d’une bouche fraîche et gourmande, attirante presque.

Sylvère, énervée sans doute, éprouva, dans cet arrêt inconscient de son regard, comme un léger frissonnement.

Mais lui, tout de suite, s’excusait ; il n’avait pas voulu remettre au lendemain encore de la voir. Et, comme sa soirée était prise, il était venu lui serrer la main.

— Alors, vous dînez en ville ? dit-elle, subitement triste. Vous ne le saviez donc pas, hier, quand vous m’avez écrit ?

— Je l’avais oublié.

— C’est désolant, dit-elle à demi-voix. Je vais horriblement m’ennuyer ce soir.

— Allez au théâtre.

— Toute seule ?

— On ne vous accusera pas, du moins, d’être en mauvaise compagnie.

— Est-ce que l’on m’en accuse quelquefois ? Prenez garde, je n’y suis jamais allée qu’avec vous.

— En êtes-vous bien sûre ?

— Mais, comme vous devez en être certain vous-même, puisque je vous le dis.

Il s’inclina en souriant. Puis, tout de suite :

— Je regrette de vous causer une contrariété, ma