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— Merci.

Si prompt avait été l’attentat, que Sylvère, dressée, trébuchante, comme brusquement réveillée, n’avait pas encore eu la perception de l’outrage. Toutefois, une confusion suprême l’envahissait, avec la sensation de ce baiser reçu ; une honte qui la faisait se trouver coupable. Et ce ne fut pas de la colère, ce furent des larmes qui lui montèrent aux yeux, tandis qu’elle essuyait du revers de sa main sa bouche mouillée d’une nausée de dégoût.

Baringer ignorait ces attitudes répulsives ; il s’attendait à de coquets reproches, et, d’avance, il souriait, prêt à poursuivre. Mais le geste éloquent de Sylvère le glaça.

Machinalement il murmura :

— Pardon, madame.

Puis, dans un élan vrai, il ajouta :

— Ah ! je vous jure que je vous aime ! Pardonnez-moi, j’ai trop de peine. Je ne serai pour vous que ce qu’il vous plaira… mais ne me regardez pas avec ce dédain. Je suis tout à vous. Usez de moi, aujourd’hui, demain, toujours…

D’ailleurs, réfléchissez à ce que je vous ai dit ; ne me répondez pas encore. Laissez-moi vous servir. Et peut-être qu’un jour…

Sylvère s’en allait, sans un mot ; il la suivit, entraîné, et, si implorant, qu’il paraissait sincère ; il murmura encore :

— Dites-moi… Oh ! dites-moi seulement que vous me pardonnez…

Elle s’arrêta, retourna lentement la tête, le regarda de haut ; puis, d’un geste las de l’épaule, elle parut dire :

— Soit.