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Et au valet :

— Qu’on refasse des œufs, vivement.

Baringer s’approchait, souriant, un peu gêné, ne regardant que Sylvère. Après avoir baisé lestement la main que lui tendait Alix, il se courba profondément devant Mme du Parclet, lui prit les doigts et les porta à sa bouche, en les respirant d’un air affamé.

Sylvère, méfiante, ne cessait de scruter le visage d’Alix ; mais celle-ci lui parut si mécontente, presque irritée, qu’elle se rassura. La coïncidence était fâcheuse, mais ce n’était que cela.

Le colonel s’était assis, donnant des preuves de son vif appétit en dévorant des hors-d’œuvre.

— Savez-vous, lui décocha Mme Deschamps d’une voix grondeuse, que c’est bien imprudent ce que vous faites là !

— Je sais, répondit-il en décochant une œillade à Sylvère.

— Oh ! il ne s’agit pas des beaux yeux de Mme du Parclet, encore que je vous conseille, en passant, de ne pas vous emballer de ce côté ; vous y perdriez vos heures. Mais je veux dire qu’il ne s’en est fallu que d’un hasard que vous ne tombiez ici tout juste sur trois journalistes.

— Ah ! diantre !

Elle continua :

— J’attendais Travet, Victor Dale et de Lancry. Hein ! les lisez-vous d’ici les journaux de ce soir à l’article : dernière heure ?

— Il n’aurait plus manqué que cela, riposta très sérieusement Baringer. Oh ! c’eût été grave, très grave !… mais ces messieurs m’auraient gardé le secret.

— Eux ? ne dites pas de bêtises, mon colonel. Les croyez-vous capables de garder dans leur poche une