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pas venue ; mais je ne voulais pas que vous puissiez croire que je vous avais amorcée pour vous attirer chez moi ! oh ! ma chère, ces choses-là arrivent ! Aussi, dès que je l’ai su, je vous l’ai télégraphié, vous laissant libre de ne pas venir, à moins que ce ne fût par amitié pour moi.

— Je n’ai rien reçu ; mais je crois comprendre ! Ainsi, M. Travet ?…

— Hélas ! une tuile au dernier moment, une audience du ministre, affaire pressée ! Je ne sais plus quoi ! Ou est donc sa dépêche ?

Elle fouillait ses poches.

— C’est inutile, protesta Sylvère ; je reconnais bien là ma chance ?

— Oh ! ce n’est que partie remise, vous savez ?… Mais où l’ai-je fourrée ?…

— Laissez donc !

— Si, si, je veux que vous voyiez…

— Je vous en prie. Vous me contrariez.

— Enfin, vous voilà ; cela me console. Mais y a-t-il rien de plus agaçant que ces combinaisons qui, à la dernière minute, se détraquent ?

— Oh ! je connais cela, répondit Sylvère en souriant, mais un peu triste.

— Chère petite ! j’espère cependant que vous ne vous ennuierez pas trop. Il nous reste deux convives assez amusants : gens de lettres et gens d’esprit, ce qui n’est pas toujours synonyme.

— Mais ils sont un peu en retard. La demie avait sonné, quand je suis entrée, et j’allais m’excuser…

— Oh ! vous croyez !… Voyons !…

Elle courut les horloges ; aucune ne marchait.

— C’est bien cela ; jamais l’heure chez moi ! on doit l’avoir, sans doute, à la cuisine.