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dit Mme du Parclet, écœurée, détournant la téte.

— Au contraire, parlons-en, recommença Mme Deschamps, qui, tout en affectant de bavarder à l’étourdie, ne perdait pas de vue le but que, depuis le commencement, elle poursuivait. C’est justement parce que je vous sais incapable d’aller assiéger les bureaux de rédaction, que j’ai pensé à vous faire demander un roman par mon ami, le directeur de la Sphère.

— Vous êtes trop aimable.

— Non : je vous admire et je vous aime, tout simplement. Mais, concluons, dit-elle en se levant. Il est nécessaire que vous rencontriez M. Travet ; mais de telle façon que, séance tenante, vous conveniez ensemble du prix, de la date de publication. Or, il vient déjeuner chez moi demain matin, avec deux autres bonshommes qu’il vous sera utile de connaître, car ils pourront, à l’occasion, parler de vous. Et là, franchement, ma chère Sylvère, c’est ce qui vous manque : personne ne vous a vue ! Il y a encore des gens qui croient que vous êtes un jeune homme ! Cela fait honneur à votre talent, mais cela fait tort à votre popularité. Ah ! Si vous vouliez m’écouter !… Enfin, commençons toujours par régler cette affaire-là, nous verrons ensuite.

Donc, nous disons demain, à midi, midi et demi, chez moi. C’est entendu. Je me sauve… Comme vous m’avez fait bavarder ! mais vous êtes irrésistible, ma très belle. A demain.

Sylvère n’avait pas accepté. Pourtant, cela paraissait si « convenu » ! Puis elle éprouvait un tel soulagement, à voir sa dernière œuvre placée, qu’elle ne songea pas un instant à la possibilité d’un refus.

Même elle oubliait les propos insultants qui lui avaient été rapportés par Alix ; la téte un peu lui tournait.