Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

pas propre, j’en conviens, mais combien vécu !… Ce n’est pas toujours l’homme qui exige que la femme se donne à lui en échange des services rendus, car elles ne sont pas toutes désirables, au bout du compte ; mais ce sont elles qui s’offrent, la plupart du temps, et se font prendre, bon gré, mal gré. Soyez certaine que celles qui s’en vont, hardies quémandeuses, ici et là, ont des dessous soignés. Et si vous croyez que cela les embarrasse de se frôler, pencher, couler près des hommes, de les regarder dans les yeux, de leur souffler au visage jusqu’à ce que le feu prenne !… D’aucunes, même, s’en vont s’asseoir tranquillement sur leurs genoux…

— Oh ! se récria Sylvère, de quelles femmes parlez-vous donc là !

— De toutes celles — ou mettons presque toutes — qui ont besoin d’un homme en situation de leur rendre service : actrices, bas-bleu, femmes de fonctionnaires et d’employés, petits ou grands, etc., etc.

Étonnez-vous, après cela, si les hommes, ainsi accoutumés à être récompensés — par avance — se trompent quelquefois et agissent sans façon vis-à-vis d’une honnête femme fourvoyée ! Mais il y en a qui s’imagineraient lui manquer d’égards s’ils ne proposaient à la femme, une fois entrée dans leur cabinet… de pousser le verrou. Et le plus drôle est que ça ne les amuse pas toujours !

— Ils devraient alors savoir gré à celles qui se refusent.

— Cela dépend ! si elles sont jolies ! On pardonne tout aux laides. Mais, en revanche, on ne leur accorde rien. Ah ! ma chère Sylvère, je suis bien sûre que si vous aviez voulu, vous !…

— Ne parlons pas de moi, je vous prie, répon-