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vère ; mais il doutait de la longue patience de Paul Ruper. Il lui paraissait invraisemblable qu’il ne l’eût pas prise, même si elle-ne s’était pas abandonnée. Cette liaison mystérieuse était avérée dans le monde. Et l’on citait couramment Mme du Parclet comme la maîtresse de Paul Ruper.

Alors quoi ? la lui ravir ? Certes, il l’eût fait. Mais à quel titre ? Celui d’amant seul.

Tel était son respect, qu’il n’eût pas osé avouer à Sylvère les scrupules qui s’opposaient à ce qu’il lui offrît son nom.

Et peut-être en était-elle digne ! Et elle aurait reçu ce nouvel outrage, et cette douleur, plus terrible que toutes les autres, lui eût été donnée par lui ! Il ne se trouva pas le courage de cette mauvaise action. Plutôt la perdre. Il se tut. Mais elle s’effrayait à le voir chancelant le long du mur et les traits crispés par une vraie souffrance.

Pitoyable avant tout, elle se leva et courut à lui.

— Mon ami ! mon ami !… vous ai-je fait de la peine.

Il étendit les mains pour la repousser comme une tentation ; mais elle ne comprit pas, et saisit ces mains brûlantes dans les siennes. Alors il la regarda, si navré qu’elle eût envie de pleurer, et, doucement, la tenant devant lui, il lui dit :

— Non ; c’était de la joie. Vous m’avez rendu bien heureux, vraiment. Je vous remercie. Merci, ma chère Sylvère !… Soyez certaine que je vous aime bien, bien… Et d’ailleurs, qui sait ?… Peut-être, un jour ! Enfin, voilà. On ne sait pas. Les événements… Si jamais vous étiez… seule, souvenez-vous de moi… Allons, adieu…

Elle soupira, comme en détresse et, instinctivement lui serra les mains.