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— Oui, je me souviens. Que veux-tu ? on change de théorie. Et tu ne devines pas pourquoi ?

— Laisse-moi rassembler mes idées. Je tombe des nues. Alors, toi, qui ?… mais oui… non ; tu ne veux pas te remarier… Eh bien, je ne comprends pas, explique.

— C’est simple : je ne voulais pas me remarier, il y a quatre ou cinq ans ; maintenant…

— Tu veux ? Ah !… tu aimes ! j’y suis ! Mais tes préférences pour les amours libres ? préférences théoriques, toujours ?

— J’y renonce, pour cette fois.

— C’est que tu aimes véritablement.

— Peut-être. Dans tous les cas j’aime sérieusement ; je crois avoir trouvé le bonheur, j’ai des raisons pour le croire…

— Et tu veux le garder. Tu vois bien que tu en arrives à penser comme moi ; le mariage…

— Penser et agir, c’est deux. Enfin voilà quatre ans que je connais le baron Brelley, je suis certaine d’en être parfaitement aimée.

— Pourquoi douterais-tu ? Attendre, espérer si longtemps le seul bonheur vrai, n’est-ce pas une preuve d’amour sincère ? Voilà, j’espère un encouragement pour Paul ! Mon pauvre Paul, je le trouve un peu triste depuis quelque temps ! Mais tout arrive. Nous aussi, nous aurons notre jour de bonheur… Oh ! si tu savais comme cela me redonne de la joie, la joie qui t’arrive ! Car tu es heureuse, n’est-ce pas… ma sœur ?

— Chérie ! murmura Louise, dont les yeux se mouillaient, et qui cacha la subite tristesse de son visage sur l’épaule de Sylvère.

Mais Sylvère, toute joyeuse, continuait :