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dis-je, et puisque vous insistez… Voilà ! C’est moi, Sylvère, qui vais prononcer ces jolies paroles ! Dablis me pressait d’aller passer trois mois à la campagne avec lui pour écrire ensemble une pièce, qu’il s’engageait à faire jouer. Vous savez qu’il a eu déjà quelques succès.

— Eh bien, mais c’était superbe pour vous ! Ah ! tête folle !…

— Cher maître, par grâce… Je n’aime pas M. Dablis. J’en suis arrivée à comprendre qu’on aime, même j’admets que, dans certaines circonstances, une passion violente puisse entraîner, peut-être… Vous voyez si votre monde m’a assez pervertie !…

— Innocente !… Continuez. Alors n’aimant pas Dablis, vous le lui avez dit, bien gentiment, hein ?… Je vous vois d’ici…

— C’était loyal.

— Et naïf. Enfin ! Ensuite, sœur Agnès.

— Si vous connaissez Dablis, vous devez savoir qu’il n’admet pas que l’on résiste à ses charmes. Il vous regarde et vous devez tomber foudroyée. C’est de lui cette belle parole : « Être aimé, ce n’est rien. On ne l’est que trop aimé ! mais, le difficile, c’est de pouvoir aimer soi-même ! Oh ! l’impossibilité d’aimer !… »

Il crut sans doute que je voulais me faire seulement prier ; mais que j’étais résignée à cette… collaboration complète, comme il l’appelait, cette union parfaite de l’esprit et du corps qui devait donner le jour un chef-d’œuvre.

Et il me brusqua.

— Diantre ! C’est alors !…

— Non. Vous savez quelle est ma situation ? La bonne camaraderie de Dablis eût été pour moi un véritable secours. On le disait généreux, chevaleresque,