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et… assez gravement atteinte. Je me mettais à sa disposition, c’est-à-dire mon frère, pour revoir les épreuves ; et j’insérai dans ma lettre le dernier bulletin, inquiétant, rédigé par les deux médecins…

Sylvère l’interrompit violemment.

— Et tu ne voyais pas que sa lettre était le résultat de l’abominable scène de la veille. Le prix du marché !… Il payait d’avance !… Et tu as souscrit aux conditions en acceptant cette publication ? Tu as fais cela, toi qui savais !…

— Je ne savais rien du tout vis-à-vis de lui, ma chère. Et j’ai agi comme si je ne savais pas, voilà tout.

— Mais je le lui aurais refusé mon manuscrit, avec indignation, maintenant que j’étais tirée de ses griffes. D’ailleurs ne vois-tu pas qu’il me donnait rendez-vous pour le lendemain.

— Oh ! il ne perdait pas de temps, c’est vrai ; mais quoi ! Puisque tu n’y es pas allée à ce rendez-vous et que ton roman a paru, tout est pour le mieux ! La Providence s’est mise de la partie en t’envoyant une bonne fièvre. Vas-tu chicaner la Providence maintenant ?

— Ne raille pas, je suis désespérée ! Tu penses bien que je n’y remettrai plus les pieds, là-bas !

— Pourquoi ? Dans les bureaux simplement, et avec moi, si tu veux. D’ailleurs, rien ne t’oblige… Tu vas partir pour la campagne.

— Moi ?

— Toi-même et tout de suite. Quand ta convalescence sera achevée, c’est-à-dire quand ton roman aura fini de paraître, qu’il sera réglé, payé — je m’en charge — tu rentreras dans ta bonne ville de Paris avec de nouvelles forces et de la copie prête à offrir…