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franchie, il allongea le bras et, ayant refermé le battant, il poussa rapidement le verrou. Puis, comme elle se jetait sur cette porte pour la rouvrir, il lui saisit les deux bras et la retourna vers lui.

Elle le regardait, fulgurante, les dents serrées, les poignets raidis ; et, tout de suite, elle devint très pale, car il resserrait son étreinte, et elle se sentait impuissante à se défendre de la brutale vigueur de cet homme, encore exaspéré par l’audace même de son attaque. Il l’avait prise au piège, il ne la lâcherait pas ; elle sentit des hurlements de rage et d’épouvante lui monter à la gorge.

La voix basse, sifflante, elle lui dit, en haletant :

— Lâchez-moi, ou je crie !…

Il ricana, lui écartant les bras.

— Vous pouvez crier, personne ici ne vous entendra.

Et il se pencha sur son visage, cherchant sa bouche.

D’un coup de hanche, elle se mit de profil, le poussant de l’épaule, laissant son bras se tordre à craquer. Pour l’enlacer, il lâcha ce bras et la prit au buste. Alors, de sa main libre, elle défendit ses lèvres, et parlant au travers :

— Lâche !… Bandit !…

— Je vous aime ! Il y a trop longtemps que je vous veux.

— Belle façon pour se faire aimer d’une femme !

— Il n’y en a point d’autre avec vous.

— Qu’en savez-vous ?

Sylvère, brusquement, venait de penser à Louise qu’elle appelait mentalement à son secours.

Par une mystérieuse correspondance d’âme, ce secours lui était-il venu ? Soudain elle comprit qu’il lui restait peut-être une chance pour se sauver. Que