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Et ces misérables feuillets étaient trempés de larmes ; elle les envoya tels quels.

Tout de suite après, un télégramme lui arriva : de Labut la priait de passer à la Revue, pour causer, de cinq à sept. Sylvère hésitait ; mais Mme de Bléry vint la chercher, l’emmena et lui promit de l’attendre en bas, dans sa voiture.

Pendant le trajet elle l’encouragea, la conseilla, la bouscula afin de lui monter les nerfs, répétant toujours :

— Ah ! si c’était moi, comme je le roulerais !

Mme du Parclet n’était de force à « rouler » personne. Cependant son effroi du danger la servit, malgré elle.

De Labut la reçut très affectueusement, l’air bonhomme, affligé de lui avoir causé tant de peine.

Et puis, il louvoya. Certes, il ne demandait qu’à l’obliger ! Voyons, ne pourrait-on s’entendre ? Non, vraiment, ce roman ne lui paraissait pas possible dans la Revue, il le regrettait ; mais ce n’était que partie remise. Une autre fois… son prochain roman, par exemple, elle pourrait l’écrire spécialement pour la Revue et d’après ses indications. Alors…

— Mais, interrompit Sylvère, je n’ai pas le temps d’attendre.

— Pourquoi ? L’argent, n’est-ce pas ? Ce n’est pas une question, ou elle est si facile à résoudre ! Combien vous faut-il ?

Elle balbutia :

— Merci. Je ne puis pas accepter.

— Une avance ?

— Et si mon prochain roman ne vous plaisait pas, ou ne vous plaisait plus, comme celui-ci, que vous aviez d’abord accepté ?

Il se mit à rire :