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en détournant son regard, subitement froid, du visage de la jeune femme qui avait tout entendu, tout compris, et qui pâlissait, les paupières battantes.

Mme Arsène Barin s’écarta légèrement de Sylvère du Parclet ; et celle-ci continua à demeurer seule, sans une femme auprès d’elle, sans avoir trouvé à échanger avec aucune un seul mot. Car, à chaque présentation, ces dames saluaient puis se détournaient ; c’était fini : des hommes, rien que des hommes s'arrêtaient près de la romancière, encore que son attitude glaciale les éloignât promptement.

— Qu’a-t-on fait encore à ma pauvre Sylvère ? murmura Guy d’Harssay, un grand beau personnage, encore jeune, d’esprit et de grâce, poète charmant, écrivain célèbre, romancier, historien, artiste et par-dessus tout amoureux, comme un grand seigneur, des belles-lettres françaises, un dont le nom restera, en dépit des nouveaux venus, parmi ceux de nos plus brillantes gloires contemporaines.

Il s’adressait à un mince romancier blond, Roger Dablis, auquel le Vieux-Monde avait fait un bout de réputation, moins répandue toutefois que sa renommée d’amoureux excentrique, de fier-à-bras passionnel et sentimental.

Celui-ci braqua méchamment les vrilles étincelantes de ses petits yeux noirs sur Mme du Parclet et répondit :

— Du Parclet ? une poseuse !

— Dites : une vertueuse, corrigea Guy d’Harssay en souriant ; et, malignement, il ajouta :

— Vous en êtes revenu bredouille, hein ?

— Je n’y suis point allé, répondit dédaigneusement Roger Dablis, elle ne me plaît pas !

— Vous êtes difficile !