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ture s’arrêta : Paul se rassit brusquement, avec un souffle colère ; puis la portière s’ouvrant, il descendit.

Mais Sylvère s’écria :

— Où sommes-nous ? ce n’est pas ma maison ici ?

— En effet, répondit-il d’un ton bref, j’ai oublié de donner votre adresse et l’on nous a menés chez moi. Il hésita, puis plongea la tête dans la voiture, et, très bas :

— Sylvère, pour l’amour de Dieu, venez, entrez vite…

— Chez vous ?… Oh ! Paul !…

Elle se roula dans son manteau, se faisant toute petite et ne répondit plus.

Il murmura encore :

— Vous ne savez pas ce que vous faites, Sylvère ! C’est notre vie que vous perdez encore une fois. Je vous jure que vous nous perdez.

Elle ne bougea pas.

— Bien, dit-il.

Et, au valet de pied, il jeta, en remontant, l’adresse de Sylvère.

Durant le trajet, il se tint à l’écart, sans un mot.

Mais, en approchant, sa colère faillit sous un reste d’espoir. Il se retourna, dans l’ombre de la voiture, vers le petit paquet farouche, immobile, qu’il n’osait plus toucher, et très triste, il dit :

— Vous m’en voulez, sans doute ? Je suis pourtant bien malheureux ! mais vous êtes sans pitié, Sylvère !

— Et vous sans respect, répondit-elle, d’une voix toute changée, devenue grave.

Puis elle s’emporta.

— Oh ! nous traiter d’impitoyables parce que nous refusons de vous servir de jouet.