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menca, lentement, un boston très savant. Ce balancement, au rythme interrompu, qui secoue voluptueusement les nerfs, épargne au cerveau le vertige charmeur de la valse tournée, mais il heurte le souffle et scande les brèves envolées d’un arrêt et d’un brusque retour dont l’être sensitif s’irrite et s’alanguit. Tantôt, dans un recul, le buste féminin semble attirer le danseur enlacé et qui se précipite, tantôt la femme court, bras ouverts, gorge offerte, vers homme qui l’a fuit en lui tendant les bras.

Et, de ce jeu, l’orchestre marque la cadence, en plaquant des accords, tandis que chantent les violons, enroulant les couples de la magnétique chaîne de leurs ondes mélodiques.

Bizarres mœurs qui autorisent ces préludes et interdisent l’hymne ! Mais le boston vient du pays du flirt.

Des plateaux circulaient, portant des coupes de champagne : une idée de cette bonne Alix pour égayer ses invités.

Paul arrêta brusquement Sylvère, et, d’autorité, grave, comme pour un acte indispensable, il l’obligea, encore toute étourdie, à vider une coupe. Puis enragé, il repartit. Sylvère fermait un peu les yeux.

Quand l’orchestre se tut, elle balbutia enfantinement.

— Louise.

Mais Paul n’eut pas l’air de l’entendre, et, maintenant, il l’entraînait vers la sortie.

Vite emmitoufflée dans sa mante au capuchon rabattu, il la mena, comme par un amusement, un peu vite au long des escaliers, la portant presque, soulevée parce qu’elle avait trébuché.

Son coupé l’attendait, il fit entrer Mme du Parclet et monta près d’elle.