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entre une sonate de Beethoven et un quatuor de Gluck ou d’Haydn.

Mme Auber de Vernon, en gesticulant, laissa tomber son éventail ; une jeune femme, assise non loin d’elle, se baissa vivement, le ramassa, et le lui tendit avec un sourire timide, une rougeur et quelque chose dans le regard qui semblait appeler la bienveillance de cette puissante faiseuse de réputations littéraires. Mme Auber, ayant remercié avec grâce, arrêta un moment sur la jeune femme son regard riant et hardi.

Celle qui faisait l’objet de cet examen rapide était moins et plus que jolie : elle était sympathique. Les yeux brun clair, intelligents et doux, l’arrangement modeste de ses cheveux cendrés, sa bouche grave, aux coins abaissés, son attitude un peu rigide et jusqu’à sa toilette fort simple, toute blanche, unie, un peu étroite, qui moulait les lignes sculpturales de son corps mince et souple, et presque toute petite, ce qui la rajeunissait, — car elle n’accusait pas les trente ans qu’elle se plaisait à avouer, — elle charmait ainsi, et son charme était fait de candeur et de grâce triste.

Mme Auber de Vernon ressentit sans doute une impression favorable : elle se pencha tout de suite vers sa voisine et lui demanda le nom de cette intéressante personne.

— Comment, vous ne la connaissez pas ? répondit avec surprise Mme Arsène Barin qui est une personnalité littéraire remarquable.

Elle reprit :

— Vous ne connaissez pas Sylvère du Parclet, la romancière, l’auteur de Therka qui a paru dans le Vieux-Monde avec un si grand succès ? Voulez-vous que je vous la présente ?

— Non, merci, murmura brièvement Mme Auber,