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doigts lui frôlèrent la nuque. Il approcha de son visage l’intérieur du chapeau en le respirant ; elle rougit, d’un coup brusque, jusqu’au front et se recula.

Le garçon secouait la porte ; il vint disposer le couvert, placer les hors-d’œuvre. Devant lui de Labut gardait son sourire, et tiraillait sa moustache, en affectant de regarder Sylvère. Elle comprit le manège et se détourna vers la fenêtre, écartant le rideau. Ils avaient parfaitement l’air d’attendre avec impatience le moment où ils ne seraient plus dérangés.

Dès qu’ils furent seuls, de Labut se rapprocha, et, plus hardi, avec un mauvais sourire.

— Prenez garde, chère madame, vous allez vous compromettre.

Elle tressaillit. Il continua :

— Vous me fuyez comme si vous aviez peur de moi. Cela va donner l’éveil : on nous surveillera. Si je vous effraye, ou vous répugne, peut-être, il faudrait le dire !

Et sa voix dure sonnait.

Elle balbutia :

— Je ne comprends pas…

— Ni moi ; mais votre attitude…

— Je suis très sauvage, il est vrai, et pas du tout accoutumée à sortir de chez moi ; cela me rend… tout embarrassée, prononça avec un pénible effort la malheureuse femme bouleversée.

Alors il pensa :

— Evidemment, je la trouble ; patientons.

Et lui prenant vivement la main :

— Remettez-vous, ayez confiance, je serai votre ami, si vous le voulez.

Le garçon loqueta ; Sylvère arracha sa main, se sentant défaillir.