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— Si vous voulez, lui dit-il, après l’avoir respectueusement saluée, nous déjeunerons près d’ici, boulevard Beaumarchais.

— Mais, comme il vous plaira, répondit Sylvère.

En quelques minutes, ils furent conduits au restaurant Bonvallet. Mme du Parclet, en entrant, s’étudiait à faire bonne contenance. Elle se sentait horriblement gênée et gauche, n’ayant aucune habitude de ces sortes d’auberges, et elle traversait celle-ci comme elle eût erré parmi les décors d’un théâtre, se garant des trappes, des ficelles et des portants.

— Par ici, madame, répétait le garçon qui les précédait au long d’un couloir presque sombre.

De droite et de gauche, s’échappant par des portes vivement ouvertes et refermées, des garçons pressés filaient sans bruit, comme des ombres, sur l’épais tapis, tandis que des rumeurs discrètes, semblables à des bourdonnements d’abeilles, emplissaient la maison toute chaude de senteurs d’épices.

Ce fut tout au fond, dans un petit salon au jour terne, que Sylvére entra, suivie de Labut. Sur une table exiguë, en face d’un divan, les deux couverts étaient mis, côte à côte. A la fenêtre, des rideaux blancs, d’un tissu serré, opaque. La glace de la cheminée paraissait embuée, striée d’hiéroglyphes. Le maître d’hôtel attendait les ordres. De Labut s’approcha de Mme du Parclet, qui se tenait devant le feu, debout et un peu raide, pour la consulter.

— Oh ! dit-elle, s’efforçant de sourire, je mange très peu et très simplement. Commandez pour vous ce qu’il vous plaira ; pour moi, deux œufs, un légume, c’est tout.

Il voulut insister, d’un air plaisant, affectant de lui parler bas ; elle répondit très haut, d’un ton bref :