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leurs qu’il ait le mauvais goût de t’attirer dans un cabaret pour te faire quelque aveu. Comme tu n’es pas chez toi, ni chez lui, rien ne t’est plus facile que de le railler gentiment, avec esprit et bonne humeur. Tu peux même essayer avec lui le petit jeu auquel j’ai voulu t’initier et qui te le livrera pieds et poings liés, si tu es maligne, sans qu’il t’en ait coûté la moindre bagatelle. Va, c’est de bonne guerre : un voleur volé, tout le monde en rit.

— Je n’irai pas, répondit sourdement Sylvère.

— Bien. Alors laisse mon frère et moi t’aider à sortir de l’impasse.

— Louise !

— Sais-tu, ma chère, que tu n’es pas à prendre avec des pincettes. Quel fichu caractère ! Voyons qu’est-ce que tu veux faire ?… Il faut te décider à quelque chose. Si tu te brouilles avec de Labut, te voilà avec ton roman sur les bras…

— Et un roman qui ne peut être publié que dans une Revue, ajouta Sylvère, surtout maintenant que de Labut me l’a massacré. Il serait impossible, coupé en feuilletons de journal.

— Si tu le portais à Mme X… pour sa Revue actuelle.

— Mme X… le refuserait, comme elle m’a déjà refusé Thérèse.

— Allons donc !…

— Rien de plus vrai. J’étais allée à elle, tout d’abord. On la disait très belle, je la croyais très bonne. Je l’avais rêvée simple, affable. Je pensais : une femme arrivée comme elle doit se plaire à aider de toute sa puissance les autres femmes.

— Tu étais naïve.

— Je l’ai bien vu. Elle m’a reçue parmi trois ou