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drais chez vous demain, samedi, mais j’ai beaucoup à travailler. Je serais heureux de voir nos rendez-vous remis à une autre heure. Si vous voulez bien accepter de dîner avec moi au cabaret, j’irai vous prendre à sept heures du soir, chez vous. Nous dînerons dans votre quartier et nous aurons tout le temps de causer.

« Recevez, madame…

« De Labut »


— Au cabaret ! cria Sylvère qui venait de recevoir cette lettre devant Mme de Bléry.

Celle-ci leva les épaules et grommela :

— L’imbécile ! Et puis après !… le voilà bien avancé ?

Mais Sylvère gémissait déjà :

— Mon Dieu ! tout est perdu !

— Si tu n’étais pas une sotte, commença Louise, je sais bien ce que tu ferais. Voyons, on ne prend pas une femme, de force, dans un lieu public comme l’est un restaurant parisien. Le pire qui te puisse advenir, c’est d’être obligée de sonner. Et la honte sera pour lui.

— Pour lui… Et pour moi qui me serait rendue à cette invitation…

— Mais c’est très naturel entre gens de lettres. On ne se voit bien qu’à table, dans ce monde-là. Les affaires s’arrangent entre la poire et le fromage. M. de Labut te traite un peu… cavalièrement, peut-être, en garçon, ou en femme émancipée ; mais il n’est pas certain qu’il n’ait point trouvé toute simple, lui, cette façon de causer tranquillement ensemble, et sans arrière-pensée.

Réfléchis bien : si tu refuses, il comprendra que tu as eu peur, et il se moquera de toi. Admettons d’ail-