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— Je vous parais brutal, reprit José ; comprenez-moi, je ne suis qu’héroïque. Car si je touche à cette question, c’est qu’une pensée m’est venue qui pourrait vous délivrer, vous rendre la liberté, vous permettre enfin d’épouser celui…

— Oh ! si nous ne parlions pas de cela !… dit-elle, tout à coup inquiète.

— Pourquoi, ne suis-je pas votre ami ? quelque délicate que soit la question, elle est certainement de celles que l’on peut résoudre. Vous gâchez votre vie, ma chère Sylvère ; mon Dieu, je consens à être malheureux loin de vous ; mais, du moins, que mon sacrifice serve à quelque chose ! Répondez-moi franchement : Pourquoi ne demandez-vous pas le divorce ?

Elle balbutia :

— Ce ne sont pas mes idées.

— Ne dites donc pas des enfantillages. Ou vous aimez M. Paul Ruper, et le sacrifice de ces prétendues « idées » vous est imposé par votre amour même, ou, lui vous aime bien peu, s’il ne l’exige pas de vous. Si cela me regardait…

— D’ailleurs, interrompit Sylvère, ce divorce n’est pas possible. Je n’ai rien de… grave à reprocher à M. Maurine.

— En êtes-vous bien sûre ? Il est avec la loi des accommodements. Mais lui-même, votre mari, puisque vous vivez séparés, peut-être se prêterait-il, de bonne grâce, à une formalité légale qui ne changerait rien à sa situation et allégerait la vôtre. Pour certains hommes, c’est une question d’honneur de rendre sa liberté à une femme à qui l’on n’a rien à reprocher, sinon les torts que l’on eut envers elle. J’en connais…

— M. Maurine ne consentirait pas, prononça fiévreusement Sylvère.