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— Votre directeur, vous avez très bien dit, madame, car le premier acte de mon administration, le voici : Sylvère du Parclet, j’ai l’honneur de vous demander votre prochain roman pour mon journal !

— Quel bonheur ! s’écria Sylvère. Enfin ! je vais pouvoir écrire à mon aise, sans lisières, sans férule, toujours prête à me taper sur les doigts. Oh ! vous verrez le beau roman que je vais faire, pour vous !

— J’en suis certain. Et je suis bien heureux, oh ! bien heureux de vous aider à vous produire avec toute votre puissance, à vous imposer, à briser d’un coup toutes les portes. Il faut l’entière et tranquille liberté à un génie nerveux comme le vôtre. Tant que vous écrirez avec la peur de vous sentir couper les ailes, vous n’arriverez pas à prendre le vol hardi qui doit être le vôtre. Tenez, ce qui m’a décidé, plus que toute autre raison, à acheter ce journal, c’est la pensée, le désir ardent de vous être utile… Non, ne me remerciez pas. C’est un devoir que je remplis ; j’acquitte une dette de conscience. J’ai si souvent déploré l’indifférence, véritablement barbare, de certains potentats du journalisme pour les jeunes talents que je me dois à moi-même de faire ce que j’aurais voulu pouvoir leur imposer : ce n’est que logique.

Voyez donc quel admirable député je ferai, continua José gaiement, pour effacer l’émotion sentimentale qui mouillait les yeux de Sylvère : toutes les erreurs gouvernementales que je critique aujourd’hui comme publiciste, député, je les combattrai et m’efforcerai de les détruire. Trouvez-moi beaucoup de politiciens de cette étoffe-là !…

— Ah ! s’écria Sylvère inspirée, ce sera votre force et votre fortune, mon cher ami. Allons, aujourd’hui