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— J’en suis tout à fait certain. D’ailleurs c’est entendu avec Louise.

— Vraiment ? avez-vous aussi décidé, mes maîtres, sous quels oripeaux ?…

— Exquis ! Vous verrez, Mme de Bléry a beaucoup de goût, et, pour vous épargner l’ennui de ce détail, elle s’est occupée elle-même du choix de nos déguisements. Je dis nos, car il paraît que nous devons faire ensemble une entrée tout à fait galante, un groupe.

— C’est inouï vraiment ! Vous êtes stupéfiants, Louise et vous ! Cependant, voyons, vous savez bien que ces machines-là ne m’amusent pas et que je n’y vais jamais ?

— Un grand tort, ma chère amie, car ces exhibitions font partie de vos conditions de succès. Il faut que l’on vous voie, que l’on parle de vous. Si vous étiez laide ou vieille, je comprendrais cette attitude. Et encore ! voyez les femmes qui ont besoin, par profession, que l’on s’occupe d’elles : les moins belles, les moins jeunes s’en vont partout, traînent par tous les salons, ne manquent pas une première, ni une cérémonie a sensation. On les voit, on les raille quelquefois, mais on les nomme.

Et ce nom, souvent répété, c’est la goutte d’eau qui creuse le roc. A le voir écrit partout, le public finit par s’en souvenir ; il lui devient familier ; c’est celui d’une personnalité en vedette, bientôt d’une célébrité.

Savez-vous bien que de compter, comme vous paraissez le faire, sur votre seul mérite pour parvenir, à notre époque de puffisme, c’est presque de la fatuité ?

Soyez plus modeste, ma jolie Sylvère, et consentez à donner pour appoint à votre talent la renommée de votre beauté.

D’ailleurs, votre esprit même profitera de ces dis-