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pas très sage ? Oh ! maintenant vous pouvez être tranquille. Je ne vous demanderai plus rien, jamais.

Elle respira et son visage s’éclaira d’une grande joie confiante. Alors elle consentit à laisser passer son bras autour du cou de Paul, qu’elle retint appuyé, le front sur son épaule, de ses deux mains maternellement croisées. Et une douceur l’envahit dans la tiédeur paisible de cet enlacement.

Même lorsqu’il s’éloigna d’elle, un peu pâle et crispé, lui, elle éprouva comme un ennui de la fin de cet état de rêve.

Et parce qu’elle avait de très pures pensées, elle regretta que l’amour ne fait pas tout entier contenu dans la suprême caresse de deux bouches effleurées.

Elle s’avoua qu’ainsi elle eût aimé et se fût, peut-être, donnée. Mais Paul, redevenu très gai, la troubla dans ses songes languides.

Regardant sur la table, parmi les papiers de Sylvère, il reconnut l’écriture de Louise, cette belle écriture ferme, longue, appuyée, presque virile. A côté, issant à demi de la même enveloppe, un carton joliment peinturluré, orné d’attributs galants : flèches, carquois, éventails, grelots, masques et loups barbelés de dentelles.

— Ah ! dit-il, je reconnais le message : une invitation au bal costumé d’Alix Deschamp. Et c’est Louise qui vous l’envoie.

— Est-elle folle ! exclama Sylvère. Me voyez-vous au bal, en paillon et en masque ?…

— Mais, dit-il, j’espère bien vous y voir, sans masque ; le costume seul est de rigueur.

— Qui ! moi ? vous perdez la tête.

— Oh ! la judicieuse remarque, et qui vous glorifie !

— Ne riez pas ! Sérieusement, vous avez cru que j’accepterais ?