Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle tordit ses bras, dans un spasme de colère douloureuse, et répondit, d’un souffle, en détournant la tête :

— Il paraît qu’il va… bien…

— C’est à se tuer ! cria Paul en cachant sa tête sur la poitrine de Sylvère.

Elle le repoussa vivement. Alors, il dressa vers elle, tout près de son visage, sa face allumée d’une rage, et murmura :

— Ou à le tuer, lui !…

Sylvère cria sourdement, comme s’il l’eût frappée en plein cœur. Puis, dégageant ses mains, elle y plongea son front, ses yeux, dérobant ainsi la honte de sa pensée.

Ils demeurèrent accablés, se laissant souffrir d’un lancinement aigu de multiples douleurs, toutes réveillées, et vibrantes comme des flèches en la cible.

Mais, peu à peu, le regard de Paul s’envoila ; la franchise de sa colère s’y éteignit, et une sournoiserie glissa et s’immobilisa entre ses paupières demi fermées.

Lentement, il promena ses doigts légers, avec l’apparence d’une chaste caresse, sur les cheveux couleur de fine cendre blonde de la jeune femme engourdie.

Il lissait les bandeaux mousseux depuis les tempes jusqu’à la nuque, d’un geste enfantin, jusqu’à ce qu’un frisson, à peine, vint à moirer la peau laiteuse à reflets bleus, de la pale joue et du cou délicat.

Alors, il baisa la main moite, depuis la pointe des doigts intérieurement rosés, en remontant, doucement, par-dessus la manche, le long du bras, jusqu’à l’épaule.

Enfin, Sylvère tressaillit toute et le repoussa.

Mais il souriait :

— Eh bien quoi ! dit-il innocemment, ne suis-je