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au piège, au lacet, à la glu ; le tout est de les prendre vivantes, encore qu’elles se débattent et crient, toutes meurtries et pantelantes en leur puéril désespoir…

Ces pensées ravivaient la somnolente passion de Paul, lui redonnaient le désir brutal d’en finir.

Il se leva, jeta son cigare et marcha sans bruit vers la chambre où travaillait Sylvère. Il se retint toutefois d’ouvrir la porte, brusquement, comme il en éprouvait la nerveuse envie, et il frappa, très bas.

Elle dit, croyant à un retour de Janie :

— Que voulez-vous ? Laissez-moi.

Il entra, comme s’il n’avait pas entendu, et vint, sans un mot, s’agenouiller devant Sylvère. Il lui prit les bras dans ses deux mains brûlantes, s’appuyant, de tout son corps, aux genoux de la jeune femme.

— Qu’avez-vous ? lui dit-elle surprise, déjà inquiète.

— Et vous ?

— Moi ?

— Vous avez pleuré.

— C’est bien possible. Cela m’arrive quelquefois.

— Sans motif ?

Elle sourit, amèrement.

— Sans motif : pour me distraire.

— Sylvère !… vous doutez-vous un peu que vous me désespérez ?

— Ce n’est pas ma faute ; je suis aussi malheureuse que vous.

— Peut-être ; mais pas de la même façon ; moi je souffre parce que je vous aime !

— Et moi parce que je vous fais souffrir, dit-elle très douce.

— Alors, nous vivrons toujours ainsi ?

— Hélas ! tant qu’il plaira à Dieu !

— Comment va Maurine ?