Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’est-ce pas ? Dame, aussi, tu as toujours l’air de courir à quelque rendez-vous avec tes allures pressées, timides, et tes voiles mystérieux…

Elle-même paraissait très animée, parlait vite, ne laissant pas à Sylvère le loisir d’une interrogation.

Celle-ci, d’ailleurs, n’y songeait guère.

Elle interrompit Louise, et tout effarée :

— Allons par là, veux-tu ?

Sans attendre, elle se précipita vers le petit salon.

Les rideaux baissés, les stores rabattus, y faisaient une ombre de chapelle : Sylvère se heurta à des coussins entassés devant un siège et marcha sur des lilas blancs, dont les grappes défaites brodaient le tapis d’un éclatant relief. Leur odeur tendre se mêlait à un léger nuage de fumée, le parfumant d’un vague bouquet d’encens.

— Tiens ! tu fumes donc, toi aussi ?

— Quelquefois, répondit brièvement Louise, en écroulant du bout du pied les coussins sur les fleurs. Mais, reprit-elle tout de suite, un peu énervée, que cherches-tu ? Est-ce un trou de souris pour te cacher ? Il me semble qu’ici…

Mme du Parclet s’assit enfin, d’un geste accablé :

— Dis-moi, connais-tu M. de Labut ?

— Le directeur de… ?

— Oui.

— Vaguement.

— Mais enfin, quel homme est-ce ?

— Un homme… comme les autres.

— Plus ou moins ?

— Plutôt… plus.

— Ah !…

— Il a donc voulu te manger, déjà ?

— Pas encore, mais… j’ai peur.