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Et elle introduisit Sylvère dans le grand salon désert.

Habituellement, on la laissait entrer, en intime, et elle allait par les chambres, à la recherche de Louise.

En dépit de ses préoccupations, ce cérémonial inaccoutumé l’inquiéta ; mais elle n’eut pas le temps d’y réfléchir : presque aussitôt la portière du boudoir s’écarta et Mme de Bléry, s’avançant, s’écria :

— Comment, on te fait attendre, toi ? Que cette Madeline est donc sotte ! elle ne comprend rien. Je lui avais dit…

Elle n’acheva pas. Derrière elle venait un jeune homme qui s’arrêta devant Sylvère, salua et attendit.

Alors Mme de Bléry :

— Je te présente un de mes meilleurs amis, le baron Brelley. Mme du Parclet, une amie que j’aime comme une sœur.

Puis, tout de suite, au jeune homme :

— Voilà qui certainement va vous faire regretter d’avoir pris congé, mon cher Octave ; mais je me vengerai de votre trop courte visite en ne vous retenant pas, maintenant que vous mourez d’envie de rester.

— Tant de malice me permettrait cependant d’insister, répondit le baron, d’un ton simplement poli. Il ajouta : malheureusement on m’attend, et même je suis en retard.

— Partez donc, répliqua gaiement Louise en lui tendant la main.

Il salua très bas les deux femmes et sortit.

Mme de Bléry avait fait quelques pas pour l’accompagner. Il se retourna, la regarda une seconde, sans un mot, et sortit. Elle revint à Sylvère.

— Comme te voilà rouge, toute montée, les yeux en ciel d’orage. Que t’arrive-t-il ? Tu auras été suivie,