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parfois — et que je ne saurais conseiller à Mme du Parclet.

— Ne me fais donc pas dire des bêtises, répliqua Louise ; Sylvère sait très bien que je suis incapable de lui donner un mauvais conseil.

— Alors, conseille-lui de me recevoir.

Elle le regarda attentivement, les paupières à demi fermées, puis, baissant la voix, elle soupira presque :

— Je ne suis pas prophète, et dans le doute…

— Tu t’abstiens ?

Je me vis forcée d’intervenir en acquiesçant.

Ce que je fis d’ailleurs sans le moindre embarras, tant je trouvais naturel que Paul fût reçu chez moi. Les longs souvenirs égalent les vieilles amitiés, et il y avait si longtemps que je pensais à lui !

Désormais, Paul revint seul. Notre intimité fut lente à s’établir. Il venait d’abord une fois par semaine, et lorsque je fus accoutumée à ses visites, il les redoubla.

Je le rencontrais assez souvent chez Louise, puis il avait soin de se rendre dans les rares maisons où je fréquentais, — car il était reçu partout. — Evidemment il cherchait à s’imposer à mon esprit, à mes pensées, à rendre familière à mes yeux son image. L’habitude est une séduction comme une autre, plus puissante peut-être. Bien des mois après notre première rencontre, il ne m’avait pas encore dit qu’il m’aimait et cependant il paraissait convenu que je lui permettais de m’aimer. Quelquefois, au cours de ses conseils, qu’elle me prodiguait, Louise me disait très maternellement :

— Si nous ne t’aimions pas, nous ne te parlerions pas ainsi.

Durant les soirées que nous passions chez elle, tous