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rentes heures du jour. Ensemble, nous regardions, par les jours clairs, la sombre tache des îles qui gênaient nos visions, dans un besoin de retrouver complète l’immense solitude de notre Océan.

Il nomma le Parclet, et sa voix devenait tremblante.

Puis, il se tut, le regard fixe ; tandis que j’écoutais venir, de loin, le galop d’un cheval qui s’arrêtait au pied de la terrasse, sur laquelle je me penchais, si doucement heureuse, en ma blanche robe de novice.

. . . . . . . . . . . . . . .

De ce qui fut dit ce soir-là, autour de moi, je ne me souviens pas. Il me semble n’avoir entendu que Paul ; et, peut-être, ne nous sommes-nous pas quittés de la soirée, car le fil de mes pensées n’a pas été rompu.

Et cependant je ne savais rien de lui, et il ne m’avait rien demandé.

Lorsque je revis Louise, je l’interrogeai et j’appris, alors, que Paul Ruper, après avoir voyagé pendant deux ans, était rentré à Paris, où les relations de son père lui avaient donné accès dans une grande maison de finances.

Il s’était fait, assez rapidement, une situation déjà brillante, qui s’améliorait chaque jour. Bien installé dans un élégant entresol de l’avenue d’Antin, il vivait largement, mais sans gaspillage ; mondain très modéré ; plutôt occupé d’affaires de Bourse que de potins de cercles et d’aventures de boudoirs. Louise ne lui avait connu aucune liaison sérieuse. Elle avouait cependant qu’il passait pour un homme à femmes, sans que rien, d’après elle, justifiât cette réputation. Elle le supposait, plutôt, brutalement sensuel, à ses heures, mais nullement emballé au point