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— En seconde main, oui, me répondit-elle en riant. C’est-à-dire un premier contrat indissoluble — pour la moralité de surface — et les autres à la volonté des preneurs. Je n’invente rien, va ! ce sont des traditions.

— Tu m’effraies !

— C’est exactement ce que répondit mon Robert de Bléry à ce simple exposé. Mais je le rassurai dans ces termes : Donc, nous resterons, pour le monde, des époux corrects que des occupations diverses entraînent de côtés différents. Sous prétexte d’atelier, vous irez nicher assez loin de mon hôtel, en y gardant, toutefois, votre appartement, que vous serez tenu d’occuper, officiellement, de temps à autre, pour les domestiques. Je ne m’occuperai en rien de vos actes ni vous des miens. Vous serez libre de voyager, et même je vous engage à le faire. Vous n’aurez pas besoin de me donner de vos nouvelles ; mais, soyez tranquille, j’en donnerai, très sérieusement, aux gens qui s’informeront de vous. De temps en temps même, lorsque le besoin s’en fera sentir, une note paraîtra dans les journaux, apprenant à l’univers que le grand peintre, si original, — c’est un qualificatif commode — Robert de Bléry, prépare d’immenses travaux pour lesquels il est allé chercher des documents en quelqu’une des cinq parties du monde. On s’empressera de venir me féliciter, et je remercierai, avec une émotion parfaite, les cils mouillés, ce qui veloute admirablement le regard.

Moyennant quoi, vous recevrez intégralement le tiers de nos revenus actuels ; le reste m’étant indispensable au bon entretien du foyer conjugal.

« Mais » voulut objecter ledit sire de Bléry.

Je lui fermai la bouche — oh ! d’un mot seulement. Ce sera cela, lui dis-je, ou le divorce. Et il savait bien