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— Que voulez-vous, ma chère, elle est si belle, elle a tant d’esprit !… Moi je ne sais pas résister. Elle veut redevenir honnête, cette pauvre femme ; elle cherche à s’entourer d’honnêtes gens. C’est bien naturel. Mais vous êtes en retard, me dit-il en riant ; le général P… et l’ambassadeur d’Espagne ont été plus pressés que vous. C’est une averse, je courbe la tête !…

L’année suivante, à Madrid, l’ambassadeur — il ne l’était plus alors — me fit prier de ne pas dire à Canovas, avec qui nous devions nous rencontrer dans une fête littéraire donnée en l’honneur d’Hector Malot, de ne pas dire que nous nous étions aperçus chez Mme M… Afin de m’éviter, il ne vint même pas.

Vous voyez, mon ami, comme il est dangereux, pour une femme dans ma situation, d’essayer de se faire des relations utiles.

Cette aventure m’empêcha longtemps, je puis dire toujours, d’accepter les invitations qui m’arrivaient assez fréquemment. C’est ainsi que je répondis par un mot de regret à une Mme de Bléry qui me priait de venir prendre une tasse de thé chez elle, rue du faubourg Saint-Honoré. J’avais cherché dans mes souvenirs, personne de ce nom ne m’avait été présenté : je trouvai l’invitation déplacée.

Huit jours plus tard, nouveau carton, avec quelques lignes dune écriture inconnue ; désir ardent de me connaître… admiratrice passionnée, lectrice assidue, compliments enthousiastes, tout le vocabulaire !

Cette fois, je donnai pour excuse la faiblesse de ma santé qui m’interdisait les veillées. Alors on m’écrivit :

« Est-il possible que votre précieuse santé soit à ce point compromise ? Je n’insisterai donc pas, car vous vous devez toute à l’art qui… etc… (Reprise des éloges)…