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nous avons fait un si joli succès au F… Elle m’arriva l’autre jour toute joyeuse, me dire qu’elle avait trouvé une position superbe. On lui proposait une place de lectrice-secrétaire, près d’une très grande dame qui voyageait beaucoup et l’emmènerait avec elle… Cette dame était charmante, simple, intelligente… enfin elle aurait beaucoup de temps pour écrire. On ne lui donnerait que douze cents francs par an, mais elle serait défrayée de tout, princièrement.

— C’est fort bien, lui dis-je, mais quelle est-elle cette grande dame ?

— Oh ! une richissime étrangère : Mme M…

Je m’écriai :

— Vous ? vous ? aux gages de… Mais voulez-vous bien vous sauver, disparaître, mourir de faim s’il le faut, mais ne jamais remettre les pieds dans cette maison-là.

— Ah ! Dieu ! dit-elle, et moi qui allais y entrer demain !…

Cette pauvre Mme C… s’enfuit, bouleversée. Et voilà.

— Moi aussi, je me sauve, lui dis-je, et je vous remercie, vous savez ?… Je n’oublierai jamais.

Mon nom ne parut pas dans le F…, mais Mme M… avait fait passer une note aux journaux ; et le lendemain, tout Paris put lire que Sylvère du Parclet avait « dîné », chez Mme M… Et je reçus plusieurs lettres, entre autres celle-ci :

« Eh ! quoi, madame, vous allez dîner chez mon ancienne couturière, chez cette fameuse M… dont la maison trop hospitalière fut l’objet d’une descente de police, etc., etc. »

J’appris alors toute l’histoire. Courroucée, je courus chez d’Harssay pour lui faire une scène. Mais lui, sans s’émouvoir, charmant, plein d’indulgence :