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gatienne

Elle la souleva dans ses bras, l’examina, l’interrogea et n’en put tirer que des sanglots. Elle lui nomma Robert : Gatienne eut un frisson.

— Je m’en doutais… Tu l’as vu ? Il passait ? Je parie qu’il a eu l’audace de te saluer. Hein ? Il cherche peut-être à te revoir ! Tu ne dis rien ? Ah ! si je l’y prenais !

Elle fit un geste énergique, le poing étendu.

Puis le sang lui monta aux joues ; ses vieilles mains tremblaient en caressant l’enfant couchée sur son épaule. Elle pensait :

— Il faut pourtant que je lui dise la vérité, toute la vérité. La laisser ignorante, c’est la laisser désarmée en face de la séduction, avec son tempérament pour complice.

Puis des fureurs la prenaient : les mots lui restaient dans la gorge. Elle chercha des allusions et n’en trouva pas ; et, brutalement, cette fille chaste eut des expressions grossières. Elle parla de l’homme débauché qui mettait son plaisir à séduire et à tromper les jeunes filles, leur promettant le mariage pour les flétrir.

Elle insista sur la défense de la pureté : une fille découronnée, c’était fini ; plus d’amour, plus