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gatienne

expliqué ; maintenant je comprends. Eh bien, je ne vous aime pas ; voilà tout. Allez-vous-en !

Robert s’élança vers elle, pris d’une colère folle.

— Tu ne m’aimes pas !… tu ne m’aimes pas ! Pourquoi ne m’aimerais-tu pas ? Que t’ai-je fait ? Que t’aimer trop. Tu m’aimais quand tu t’es donnée à moi.

— Je ne savais pas…, balbutia Gatienne.

Et subitement elle éclata en sanglots.

— Écoute, lui dit-il, je te veux, tu m’entends ? Je m’en vais ; je vais t’attendre. Tu vas sortir d’ici une heure. Je le veux ; je t’en supplie… Je souffre, Gatienne ; aie pitié de moi !…

Elle répéta, dédaigneuse, à travers ses larmes :

— Allez-vous-en !

Il lui saisit le bras, qu’il étreignit violemment.

— Tu es à moi, dit-il, ne l’oublie pas, ou prends garde !… Je vais t’attendre.

Peu d’instants après, mademoiselle Prieur surprenait la jeune fille jetée en travers de son lit, le visage rouge et meurtri dans ses mains trempées.

— Miséricorde ! elle pleure !… cria la vieille fille bouleversée.