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devant grand’mère, ne s’habillait plus qu’avec des rougeurs aux joues : Ève pécheresse se voilait.

— Enfin ! soupira mademoiselle Prieur lorsque Robert eut quitté la maison.

Jusque-là, sa quiétude n’avait pas été complète.

Maintenant elle respirait en n’entendant plus parler de lui.

Et c’est à ce moment qu’un tourment nouveau l’assaillit : Gatienne souffrait. Une fièvre légère colorait sa peau ; ses yeux s’étaient assombris et creusés. Elle perdait ses rondeurs saines, devenait mince, longue. Une transformation s’opérait.

— Tu es malade, Gatienne.

— Non, grand’mère.

Le médecin appelé sourit et dit tout bas à la vieille fille :

— Il faut la marier.

Ce fut un coup terrible pour mademoiselle Prieur. Tout un côté de sa mission maternelle lui apparaissait soudain avec la conscience de son incapacité. Une mère aurait pu questionner l’enfant et l’instruire aussi. Car, si son tempérament parlait, il fallait l’avertir qu’il y a des dangers.