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ses jupes de façon à prolonger jusqu’aux genoux la ligne onduleuse du corps. Elle s’était assise, du reste, avec ce tour de reins des femmes de théâtre qui replie la traîne en dessous et fait coller la robe, de la ceinture à la jambe, avec la précision d’un maillot. Le pied, juché sur son haut talon, allongea sa fine pointe. Cela fait, elle renversa son buste et joua de l’éventail.

Mais personne ne venait.

Sa première émotion s’était calmée dans l’attente ; maintenant le dépit lui succédait.

Midi bientôt. C’était un peu fort. Il déjeunait sans doute. Est-ce qu’on déjeune ? Prendre ainsi son temps ! Il n’était vraiment pas pressé ! Elle rougissait de colère et se désolait de rougir : cela enlaidit les blondes. Elle tira sa houppe, et soulevant du doigt le bout de voilette qui lui tombait sur le nez, elle se barbouilla de poudre. Puis elle attendit encore, le cœur serré, prête à pleurer.

Que lui dirait-elle maintenant ? Elle ne se souvenait plus des discours qu’elle préparait en venant ; tirades romanesques qui devaient jeter Robert à ses pieds, chaste mais passionné, lui jurant sa foi dans le baiser des fiançailles.