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Mais, depuis un an qu’il le préparait, recherchant Fabrice, s’en faisant estimer, admirer comme financier, l’attirant dans un projet auquel il avait inconsciemment sacrifié toute sa fortune, le liant à lui, se rendant maître de ses intérêts au point de le pouvoir ruiner du jour au lendemain si tel était son bon plaisir, depuis un mois surtout qu’il était à l’affût de sa proie, le temps lui semblait long, d’autant plus long que son âpre et implacable désir de vengeance se doublait d’une avidité croissante pour les charmes de Gatienne.

Le hasard de sa familiarité dans la maison les rapprochait sans cesse. Il ne lui épargnait ni un contact ni un mot troublant. Il l’enveloppait du ressouvenir de leur union d’une heure, et la poussait par d’incessantes menaces à l’effarement qui la ferait s’abandonner.

Et cependant Gatienne semblait s’aviver dans la lutte. Son amour pour Fabrice, dont elle défendait le bonheur plus que le sien propre, lui soufflait une sorte d’héroïsme. Elle se sentait devenir vaillante, un peu rassurée d’ailleurs par le délai que Robert mettait à sa vengeance. Elle